Stratigraphie du Marduel (Saint-Bonnet-du-Gard)
i
Les sondages préliminaires
(zones 01, 03 - 09, 05 et 08)
par Michel PY* et Claude RAYNAUD**
1. Introduction
1.1. Historique des recherches
Le gisement archéologique du Marduel, situé à la conjonction des communes de Saint-Bonnet-du-Gard, de Rémoulins et de Sernhac, sur la rive du droite du Gardon (fig. 1), est connu depuis fort longtemps. Dès 1737, J. Astruc localisait à la base de l'oppidum et sur les premiers coteaux du flanc est de la colline du Marduel, le hameau de Sainte-Colombe, qui, disait-il, avait péri par les flammes (1). En 1871, Cazalis de Fondouce remarquait que les origines de ce village devaient remonter à l'époque romaine (2). En 1897, J. de Saint- Venant identifiait dans la collection Cazalis de Fondouce "des restes ayant le caractère gaulois et même grec". Il attribuait à ce site, et plus précisément au lieu-dit Lafoux, une tombe préromaine à armes (3) qui en réalité provient de Sainte-Cécile (Vaucluse) (4). Pour sa part, G. Charvet s'intéressait au Marduel à cause de sa position sur un nœud de voies de communication, à l'emplacement d'un gué sur le Gardon (5).
Plus tard, J. Bourilly et F. Mazauric inclueront l'oppidum et ses abords dans leur "Statistique" (6). L'agglomération gallo-romaine repérée sur les berges du Gardon, et connue sous les noms de Lafoux ou de Sainte-Colombe, fera l'objet de plusieurs recherches de F. Mazauric, qui y aurait découvert notamment un dépotoir d'atelier de potier gallo-romain (7). Dans la "Carte archéologique" du Gard, A. Blanchet et M. Louis rappellent, en 1941, quelques-uns de ces renseignements (8), mais depuis 1912, le site du Marduel n'a fait l'objet d'aucune recherche suivie. Seules sont à signaler une intervention ponctuelle de V. Lassalle sur le gisement de Lafoux (9), et deux découvertes fortuites au pied de l'oppidum, sur la commune de Sernhac : des tessons de vase attique à figures noires, appartenant à une coupe à yeux de la fin du Vlème s. av. J.-C. (fig. 3, n°l à 3) (10) ; et un fût de colonne portant une inscription "gallo-grecque", recueilli sur le bord de la route Remoulins-Beaucaire (11). Le site faisait entre temps l'objet de prospections (12) et de fouilles "clandestines".
* C.N.R.S., rue Basse - 30980 LANGLADE
** Atelier municipal d'archéologie - 34400 LUNEL-VIEL
1 - J. Astruc, Mémoire pour l'histoire naturelle du Languedoc, 1737, p. 207.
2 - Cazalis de Fondouce, Recherches géologico-archéologiques dans la vallée inférieure du Gardon, dans Mém. l'Acad. Nimes, 1871, p. 496.
3 - J. de Saint-Venant, Les derniers Arécomiques. Traces de la civilisation celtique dans la région du Bas-Rhône, spécialement dans le Gard, dans Bull. Archéol.,
1897, p. 507-508.
4 - Voir en dernier lieu : G. BarruoletG. Sauzade, Une tombe de guerrier à Saint-Laurent-des- Arbres, Gard. Contribution à l'étude des sépultures du Ier s. av. J.-C.
dans la basse vallée du Rhône, dans Hommage à F. Benoit, III, 1972 (Riv. stud. Lig., 35, 1969), p. 66, n°ll (Bibliographie antérieure).
5 - G. Charvet, Les voies vicinales gallo-romaines chez les Volkes Arécomiques, dans Bull. Soc. Scient. d'Alais, 1873, p. 168 et 202-219.
6 - J. Bourilly et F. Mazauric, Statistique des enceintes préhistoriques et protohistoriques du département du Gard, dans Cong. Préhist. de France, 7, 191 1 , p. 567-
568.
7 - F. Mazauric ; Recherches et acquisitions, dans Mém. Acad. du Gard, 1906-1907, p. 26 ; 191 1, p. 60 et 1912, p. 129. F. Mazauric, La civilisation gallo-romaine,
dans Nimes et le Gard, Nimes, 1912, I, p. 323.
8 - A. Blanchet et M. Louis, Carte archéologique de la Gaule romaine, département du Gard, Paris, 1941, p. 143-144.
9 - Gallia, 20, 1962, p. 636.
10 - Gallia, 22, 1964, p. 505.
11 - Gallia, 20, 1962, p. 637 ; BullSoc. des Antiqu. de France, 1961, p. 148 ; F. Bazile, Inscription gallo-grecque de Sernhac, dans Bull. Assoc. Archéol. du Lycée de
Nimes, I, fasc. 1, 1963, p. 3-4 ; M. Lejeune, Inscriptions lapidaires de Narbonnaise, dans Et. Celt., XII, 1, 1968-1969, p. 80-83.
12 - Notamment de la part de O. Rappaz, qui y recueillait un important lot d'objets actuellement dans sa collection nimoise.
Documents d'Archéologie Méridionale, 5, 1982